lundi 25 février 2019

Commentaires de l'auteur sur les personnages complexes

 

→ →Je ne m'inquiète pas de rendre mes personnages attachants ou sympathiques (J'ai eu ma dose avec la télévision). Ce qui m'intéresse c'est de les rendre réels et humains. Si je peux créer un personnage en trois dimensions, certains lecteurs l'aimeront, d'autres non, et c'est très bien. C'est comme ça que les vrais personnes réagissent à d'autres vraies personnes dans le monde réel après tout. Regardez toutes les opinions différentes qu'on peut lire à propos d'un politicien ou d'un acteur. Si TOUT LE MONDE aime un personnage, ou le déteste, ça veut sûrement dire qu'il est fait en carton. Alors je vais laisser mes lecteurs décider de qui ils admirent, de qui ils détestent, de qui ils ont pitié, etc. Le fait que des personnages comme Sansa, Catelyn, Jaime, et Theon provoquent une telle variété de réactions suggère que j'ai réussi.” So Spake Martin

→ →La bataille entre le bien et le mal est un thème légitime dans la fantaisie, ou dans n'importe quelle fiction d'ailleurs, mais dans la vraie vie cette bataille a lieu dans le cœur d'un individu. Trop d'auteurs de fantaisie à notre époque choisissent la solution facile en externalisant le conflit, et les protagonistes héroïques n'ont alors plus qu'à battre les méchants sous-fifres pour sauver la journée. Et vous pouvez reconnaître les méchants sous-fifres parce qu'ils sont forcément moches et habillés en noir. Dans la vraie vie, l'aspect le plus difficile de la bataille du bien contre le mal est de déterminer qu'est-ce qui est bien et qu'est-ce qui est mal.” Infinity Plus


→ →"Je les aime tous. Ils sont tous mes enfants. Mais je dois avouer que Tyrion est mon préféré. Il est tellement facile à écrire, et d'une belle nuance de gris. J'aime les personnages gris. Les personnages tout blanc tout noir sont ennuyeux et manquent de nuances. Mais les personnages gris peuvent avoir tous ces contrastes qui nous rendent humains et rendent une personne intéressante. Et Tyrion correspond à ceci.Beatrice Interview

→ →J'ai toujours trouvé les personnages gris plus intéressants que ceux qui sont complètement blanc ou noir. Je n'ai pas de problème avec la façon dont Tolkien a créé Sauron, mais de bien des façons le Seigneur des Anneaux a ouvert la voie à d'horribles clichés. Je ne voulais pas écrire une autre version de la bataille des gentils contre les méchants, où l'antagoniste s'appelle le Roi Fétide, ou le Seigneur Démon, ou le Prince Pourri, et où ses sous-fifres sont des entités sous-humaines esclaves habillés tout en noir (j'ai vêtu ma Garde de Nuit, qui sont grosso-modo les gentils, tout en noir pour briser cette trope ennuyeuse). Avant de livrer cette bataille du bien contre le mal, vous avez besoin de déterminer ce qui est bien et ce qui est mal, cela n'est pas toujours aussi facile que ce que certains auteurs voudraient vous faire croire.” Outland Interview


→ →Je suis attiré par les personnages gris, les personnages qui ne sont pas ce qu'ils paraissent, les personnages qui changent. Je crois que c'est ce qu'il y a de plus intéressant dans la fiction, et beaucoup de fantaisie ne ne centrent pas trop là-dessus. Trop de personnages sont tout blanc tout noir, et tout le monde se réunit pour combattre un seigneur ténébreux. Cela ne m'intéressait pas d'écrire ce genre de chose. Avoir plusieurs points de vue est crucial pour montrer que les personnages sont complexes. Il faut pouvoir se rendre compte du conflit des deux côtés, parce que pendant une guerre, les vrais êtres humains ont ces procédés de justifications, de se dire pourquoi ce qu'ils font est juste. A part dans un dessin-animé, personne ne va dire 'Je suis le Seigneur Ténébreux, et maintenant je vais faire des trucs méchants' Nous sommes les Seigneurs Gris ! Et bien sur vous voyez cela dans les conflits tout au long de l'histoire de l'humanité. George Bush pense qu'il a raison, Ousama ben Laden pense qu'il a raison, et chacun d'eux voit l'autre comme le méchant. Alors il faut plusieurs points de vue pour présenter un conflit qui va être plus profond que dans un dessin-animé.” Locus

→ →Stan Lee a un jour écrit qu'avec de grands pouvoirs viennent de grandes responsabilités. Le credo de spider-man pose les bases de l'univers de tous les super-héros, incluant le notre. Mais Lord Acton a écrit que le pouvoir corromps, et que le pouvoir absolu corromps tout le reste. La tension entre deux vérités pose les bases du drame. Mes héros sont des rêveurs, ces hommes et femmes qui ont essayé de faire du monde un endroit meilleur que ce qu'ils ont trouvé, avec de petites ou grandes actions. Certains ont réussi, d'autres non, la plupart ont eu des résultats mitigés... mais c'est l'effort qui est héroïque, d'après moi. Gagnez, perdez, j'admire ceux qui mènent les bonnes batailles.” Pat's Fantasy


→ →Beaucoup trop d'œuvres de fantaisie, même de très bonnes, font l'erreur de supposer qu'une bonne personne fera forcément un bon roi, que tout ce qu'il faut c'est être une bonne personne, et que tout ira bien si cette personne se retrouve au pouvoir. Il y a des exemples pendant le Moyen-Âge de rois qui étaient d'horribles personnes mais pourtant de bons dirigeants... Être quelqu'un de bien n'a jamais été suffisant pour être un dirigeant efficace. [Jimmy Carter] était l'être humain le plus décent à avoir été président au cours de ma vie. Malgré son intelligence et son humanité, il n'était pas un président efficace.” Google Interview

→ →J'aime les personnages gris. Pendant trop longtemps la fantaisie a été focalisée sur des héros et des méchants très stéréotypés. Alors que quand je regarde autour de moi, je ne vois pas de héros parfaits et immaculés, et de méchants très sombres : je vois des êtres humains dont beaucoup ont des défauts et la possibilité de faire à la fois le bien et le mal. Tout dépens des choix qu'ils feront à des moments décisifs de leurs vies, à des moments de stress et de conflits émotionnels.” Reuters


→ →Il y a beaucoup d'attentes, surtout dans la fantaisie, où vous avez le héro qui devient l'élu et qui est protégé par sa destinée : je ne voulais pas ça pour mes livres.” Adria's News

→ →Comme l'a dit Faulkner, nous avons tous en nous la capacité de faire le bien et le mal, d'aimer et de haïr. Je voulais écrire ce genre de personnages complexes dans une histoire fantastique, au lieu de juste avoir tous les gentils qui se rassemblent pour combattre les méchants.” Collider


→ →Oui, [le chapitre “The Forsaken” de TWOW] est très sombre. Mais il y a beaucoup de chapitres sombres dans le livre que j'écris en ce moment. Ça s'appelle les Vents de l'Hiver, et ça fait 20 ans que je vous dis que l'hiver vient. L'hiver est le temps où les choses meurent, où le froid, la glace et l'obscurité recouvrent le monde, alors ça ne sera pas la promenade de santé que les gens espèrent. Certains personnages se retrouvent dans des situations très sombres... La structure classique de toute histoire est que, 'Les choses empirent avant d'aller mieux,' alors pour beaucoup de personnages les choses vont aller très mal.” Guadalajara International Book Fair

→ →En tant qu'auteur, je ne crois pas vraiment au traditionnel et cliché tout est bien qui finit bien, où tous les problèmes sont résolus, le gentil gagne et le méchant perds. Dans la vraie vie et dans l'histoire on voit ça très rarement, et personnellement je ne trouve pas cela aussi satisfaisant émotionnellement parlant qu'une fin douce-amère.” Guadalajara International Book Fair


→ →Je ne pense pas que 'mériter' soit un terme approprié. Le Trône de Fer ne va pas à qui le mérite, mais qui a le pouvoir de le prendre et de le tenir. Mais il y a des passages dans les livres où j'indique ce que devrait être un roi, ce qui sépare un bon roi d'un mauvais roi... Ça devrait être une fonction au service du peuple. Le boulot du roi c'est la terre, les gens qui travaillent cette terre, leur permettre de vivre bien, les protéger, les défendre, leur assurer la justice. C'est à ça que devrait ressembler le roi idéal. Malheureusement, il y en a eu très peu de ce genre dans notre histoire.” Guadalajara International Book Fair

→ →Un thème familier dans beaucoup d'histoires de fantaisie est le conflit entre le bien et le mal. Les méchants sont souvent des Seigneurs Ténébreux, qui ont pour serviteurs des bossus démoniaques et des hordes de subalternes déformés tout en noir. Et les héros sont nobles, courageux, chastes, et très beaux à regarder. Oui, Tolkien a fait quelque chose de glorieux et immense avec ça, mais dans les mains d'auteurs moins talentueux, et bien... disons simplement que ces sortes d'histoires ne m'intéressent plus. Ce sont les personnages gris qui m'intéressent le plus. Je préfère écrire et lire à leurs sujets.” Bernard Corwnell

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