dimanche 22 janvier 2023

La courtoisie est l'armure d'une dame



→→Elle se sentit défaillir, s'intima : Maintenant, je dois le faire maintenant. Puissent les dieux m'en donner le courage. Elle fit un pas puis un autre. Devant elle s'écartaient en silence seigneurs et chevaliers, tous les regards pesaient sur ses épaules. Je dois être aussi forte que dame ma mère. “Sire,” appela-t-elle d'une voix fluette et tremblante.
→→Elle s'immobilisa sous le trône à l'endroit précis où gisaient en tas le corselet, le heaume et le grand manteau blanc de ser Barristan. Elle s'agenouilla sur le manteau puis leva les yeux vers son prince, là-haut, sur son effroyable trône. “Plaise à Votre Majesté, Sire, de m'accorder miséricorde pour mon père, lord Eddard Stark, naguère encore Main du Roi.” Elle avait répété la formule cent fois.
→→“Nierez-vous le crime de votre père ? insinua lord Baelish.
→→- Non, messires.” Pas si sotte. “Je sais qu'il mérite un châtiment. Je ne demande que miséricorde. Je sais que le seigneur mon père doit être accablé de remords. Il était l'ami du roi Robert, il l'aimait, vous le savez tous, il l'aimait. Il ne voulait pas être Main. Il n'a cédé qu'aux instances du roi. On a dû le tromper, lui mentir. Lord Renly ou lord Stannis ou... ou quelqu'un. Il a fallu qu'on lui mente, sans quoi...”
→→Les mains agrippées aux bras de son trône, le roi Joffrey se pencha en avant. Entre ses doigts saillaient des pointes d'épées brisées. “Il a dit que je n'étais pas le roi. Pourquoi l'a-t-il fait ?
→→- Il avait la jambe cassée ! répliqua-t-elle passionnément. Elle lui faisait tellement mal.., mestre Pycelle lui donnait du lait de pavot, et on dit que le lait de pavot emplit la tête de nuages. Il n'aurait jamais dit cela, sinon.”
→→Au-dessus, Joffrey ne cessait de se balancer. “Mère ?”
→→Cersei Lannister considéra Sansa d'un air pensif. “Si lord Eddard consentait à confesser son crime, dit-elle enfin, nous ne douterions plus de son repentir.”
→→Joffrey se hissa sur pied. Par pitié, le conjura mentalement Sansa, par pitié, montrez-vous le roi que vous êtes, je le sais, bon, généreux, noble, par pitié.
→→“Avez-vous rien d'autre à ajouter ? demanda-t-il.
→→- Seulement que..., puisque vous m'aimez, vous m'accorderez cette faveur, mon prince.”
→→Il la détailla de pied en cap. “Vos douces paroles m'ont touché, dit-il d'un ton galant, non sans hocher la tête comme pour signifier que tout irait bien. Je ferais ce que vous demandez..., mais que votre père avoue, d'abord. Qu'il avoue et me reconnaissance pour roi, ou point de miséricorde pour lui.
→→- Il le fera ! protesta-t-elle, le cœur envolé de joie, oh, je suis sûre qu'il le fera !” A Game of Thrones, Sansa V

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